Donner le format d'un livre ancien en centimètres, comme on le fait pour le livre contemporain, est une aberration. Les marges de l'ouvrage ayant été coupées à la reliure, voire à nouveau coupées lors d'une nouvelle opération de reliure. Deux exemplaires de la même édition, sortis le même jour des mêmes presses, peuvent ainsi avoir des variations de plusieurs centimètres dans leur taille.
Déterminer le format bibliographique, ou format réel, d'un livre ancien suppose de regarder tout à la fois le sens des lignes de chaîne du papier [souvent appelés improprement "pontuseaux"], et de compter le nombre de feuillets des cahiers.
Cette opération répond à un certain nombre de règles :
- Le sens des lignes de chaîne, vertical sur la forme et dans les formats in-plano (1°) et in-folio (2°), change à chaque fois que la feuille est pliée.
- Toujours procéder dans le corps du texte principal. Le dernier cahier peut en effet être incomplet. Les pièces liminaires, toujours imprimées en dernier, peuvent induire en erreur.
- Ne jamais chercher le sens des lignes de chaîne dans les gardes, qui sont des feuilles de papier toujours extérieures à l'ouvrage, ajoutées lors de son travail par le relieur.
- Ne pas prendre en compte les feuillets hors-texte, souvent des gravures sur cuivre imprimées sur un papier plus fort. Attention, il peut cependant arriver que des gravures sur cuivre soient imprimées sur certains feuillets des cahiers. Dans un tel cas, ils sont bien entendu comptabilisés pour la détermination du format !
- Toujours compter les feuillets de deux cahiers qui se suivent, dans la mesure où pour certains formats on peut avoir des cahiers ne comportant pas tous le même nombre de feuillets.
- Se souvenir qu'un cahier comporte TOUJOURS un nombre pair de feuillets. Il peut arriver que le dernier cahier soit incomplet, et impair. Dans ce cas, on lui adjoindra le feuillet manquant, et probablement blanc. Ce dernier sera également pris en compte lors de l'établissement de la collation. Il peut arriver très exceptionnellement qu'un cahier du corps du texte comporte effectivement un nombre impair de feuillets, ceci par adjonction d'un carton.
- Le dernier cahier est souvent moins volumineux que les autres. Il peut ne constituer qu'un demi-cahier. Que cela soit effectivement le cas, ou non, et par souci d'économie car le prix de papier représente souvent les deux tiers ou les trois quarts du prix de revient d'une impression, les feuillets manquants ont souvent été utilisés pour imprimer le faux-titre et le titre, voire les pièces liminaires.
- On se souviendra qu'il est une pratique française de procéder parfois par demi-cahiers. Un in-octavo aux lignes de chaîne verticales, comme c'est la règle, peut ainsi comporter non des cahiers de huit feuillets, mais de quatre feuillets. Il s'agit bien alors d'un in-octavo, et non d'un in-quarto, dans lequel les lignes de chaîne devraient être horizontales !
- Pour déterminer le nombre de feuillets d'un cahier, le bibliographe dispose, selon les époques et les pratiques des zones géographiques considérées, de trois types de repères :
- les signatures
- le registre
- les réclames
Le repère le plus fréquemment utilisé pour cette opération est celui des signatures. On se souviendra que seule une partie du cahier, en général la première moitié, est signée. Les feuillets qui sont dépourvus de signatures doivent toujours être comptabilisés comme faisant partie du cahier en cours d'examen, et ce jusqu'à ce qu'apparaisse la signature indiquant le début d'un nouveau cahier.