Les bibliothèques, aujourd'hui, demain

Histoire des bibliothécaires

Le Centre de recherches en histoire du livre avait souhaité relancer les travaux sur l’histoire des bibliothécaires en organisant en 2003 un colloque international. Depuis plusieurs années, le terrain continue à être défriché par des travaux de recherche menés par les étudiants de l’Enssib : ils étudient les manuels à l’usage des bibliothécaires écrits et publiés à partir du XIXe siècle.

En août 2014, à l’occasion du congrès annuel de l’IFLA (International federation of libraries associations and institutions), le centre Gabriel Naudé a organisé un colloque consacré à l’histoire du métier de bibliothécaire : History of Librarianship. Ce colloque organisé par Raphaële Mouren accueillait des spécialistes internationaux travaillant sur l’histoire du métier et de ses pratiques, l’histoire des associations nationales et internationales, l’histoire de la formation des bibliothécaires.

 

Recueils de sources et d'archives

  • Le programme de recueil de sources orales, lancé en 2002, est poursuivi ; il s’appuie sur les conservateurs des bibliothèques de l’équipe et sur l’intégration des étudiants futurs conservateurs et porte sur le métier des bibliothécaires des années 1950 à nos jours. Il comprend déjà des entretiens avec Maurice Caillet, Maurice Garden, Henri-Jean Martin, Noë Richter…
  • Le recueil d'archives personnelles de bibliothécaires auprès de la bibliothèque de l'enssib, déjà lancé depuis plusieurs années (archives De Grolier, Henri-Jean Martin...), sera conti¬nué et amplifié. L’inventaire des archives sera rédigé et mis à disposition des chercheurs.

Études biographiques et institutionnelles

  • Des monographies de bibliothécaires importants du XXe siècle continueront à être élaborées. L’année 2009-2010 a été consacrée à Eugène Morel (1869-1934), son œuvre (numérisée par l’Enssib), ses idées et sa postérité. Un séminaire a été animé par Anne-Marie Bertrand et a débouché sur une journée d’étude à l’automne 2010 . Une étudiante a consacré son mémoire en 2011 à Lucien Herr. Les années à venir seront consacrées à d’autres grands noms (Henri Lemaître, Julien Cain, Jean Gattégno,…).
  • Histoire de l’Association des bibliothécaires de France. Le centre Gabriel Naudé souhaite lancer un travail d’importance sur l’histoire de l’ABF, créée en 1906, dont les archives sont désormais accessibles. Un élève-conservateur a travaillé en 2009 sur l’histoire des congrès annuels de l’association. Nous cherchons aussi un/des doctorants sur ce sujet très vaste.

La formation des bibliothécaires

Elle a fait l’objet de plusieurs mémoires d’étudiants depuis plusieurs années : Audry Bettant (2012), Guillaume Lebailly (2009) Delphine Riché (2010), Coralie Verzegnassi (2010).

Histoires de bibliothèques

Parallèlement à ces axes structurés, se poursuit de façon ponctuelle la recherche monographique sur les bibliothèques. Des travaux d’étudiants ont été menés sur la bibliothèque municipale de Versailles (Vincent Haegelé, 2008), la bibliothèque de Roanne (Pauline-Laure Lauxerois, 2010, 2011), les bibliothèques des cercles d’officiers (Agnès Boishult, 2011).

Dominique Varry participe régulièrement aux travaux du Comité d'histoire de la Bibliothèque nationale de France. 
 

Les ateliers du livre : histoire des bibliothèques 
Le Centre Gabriel Naudé participe à l’organisation et à l’animation de la journée d’études annuelle consacrée à l’histoire des bibliothèques, mise en œuvre dans le cadre des Ateliers du livre à la Bibliothèque nationale de France depuis 2010.

Histoire des politiques patrimoniales

Responsables : Raphaële Mouren, Dominique Varry, Anne-Marie Bertrand.


L’histoire récente des politiques dans le domaine du patrimoine écrit a fait l’objet d’une rencontre en octobre 2012 : « 20 ans de patrimoine », dans le cadre des Rencontres Henri-Jean Martin.


Fabienne Henryot a lancé un chantier intitulé « La Fabrique du patrimoine écrit : objets, acteurs, usages sociaux », qui a donné lieu à deux journées d'étude (janvier 2016 et janvier 2017)

Les bibliothèques, le numérique et leur avenir 
 

La culture de la bibliothèque : comparaisons internationales 
Responsable : Christophe Evans

La première étape de ce programme de recherche mené par Christophe Evans – après avoir interrogé le périmètre et la pertinence de la notion de « culture de la bibliothèque » – a consisté à recueillir des indicateurs statistiques de fréquentation des bibliothèques publiques dans différents pays (essentiellement en Europe, Amérique du nord et Australie) et de les comparer entre eux. Pour des raisons de commodité mais aussi de fiabilité, ces données ont été pour le moment intégralement collectées auprès de sites Internet de référence (ministères de la culture ou de l’éducation, organismes professionnels nationaux, etc.) ; elles ont fait l’objet d’une analyse et d’une première publication en 2010 : C. Evans, « Sociologie des publics des bibliothèques : le métier d’usager », dans Le métier de bibliothécaire, dir. Yves Alix, Paris, Éd. du Cercle de la Librairie, 2010, (collection Bibliothèques).

La seconde étape de ce travail, amorcée à la suite de ce premier recueil, a pour objectif d’étendre la collecte et la comparaison des données de fréquentation aux bibliothèques de l’enseignement supérieur (bibliothèques universitaires) et de prendre la mesure à l’échelle internationale des changements qui sont en cours dans le rapport aux bibliothèques dans un contexte général de relâchement culturel et de concurrence liée au développement des accès personnels à Internet.

Dans un troisième temps, au-delà des questions qui portent sur les usages concrets et dans une optique plus compréhensive que descriptive, il sera question, à partir de sources d’enquêtes quantitatives et qualitatives, de travailler sur les représentations des bibliothèques au sein des différentes populations (en termes de contrastes et d’invariants). Si les écarts en matière de fréquentation des bibliothèques peuvent varier du simple au triple en fonction des différents pays, on se rend compte en effet dans certaines études que l’image du métier de bibliothécaire souffre de la même dévalorisation en France qu’aux États-Unis : comment peut-on expliquer ces différences et ces similitudes ? Sont-elles fortuites où sont-elles l’expression d’une culture nationale et/ou trans-nationale en ce qui concerne le rapport aux institutions du livre ? Enfin, quels liens significatifs peut-on faire avec les autres pratiques culturelles (lecture, sorties culturelles, etc.) dans le champ de ces comparaisons internationales ? Telles sont les questions auquel ce programme de recherche à l’ambition de répondre.

 

L’avenir des bibliothèques
 Le temps long sur lequel travaillent les chercheurs du Centre Gabriel Naudé éclaire la situation présente des bibliothèques et les réflexions sur leur avenir : l’artefact que sont les bibliothèques, dans une société donnée, une culture, une histoire, ne vient pas de nulle part. Un séminaire a depuis 2007 fédéré les travaux sur l’idée de modèle de bibliothèque, sa pertinence, son rôle dans les conceptions de la bibliothèque aujourd’hui (missions, services, collections, bâtiments…). Ce travail a fait l’objet d’une publication (Quel modèle de bibliothèque ? dir. Anne-Marie Bertrand, Presses de l’enssib, 2008).

Dans un deuxième temps, les travaux ont porté sur l’avenir des bibliothèques et débouché sur le colloque « Horizon 2019 : bibliothèques en prospective », tenu à l’Enssib du 19 au 21 novembre 2009 (responsable scientifique : Anne-Marie Bertrand) et qui a fait l’objet d’une publication aux Presses de l’enssib en 2011. 
Ce travail se poursuit. 
 

Pratiques professionnelles émergentes à l’heure du numérique : enjeux politiques et institutionnels
Responsable : Cristina Ion

Objectifs et méthode
L’engagement de toute une génération de bibliothécaires dans le numérique semble constituer un « mouvement » majeur qui va de pair avec l'apparition d’un nouveau modèle de bibliothèque fondé sur une relation plus étroite avec la société, forme potentiellement renouvelée de « démocratisation culturelle ». Ce projet vise à réfléchir à cette évolution à travers l’analyse d’une culture professionnelle émergente et de nouveaux modes d’intervention des acteurs.

L’idée de ce projet est apparue à la faveur d’un faisceau d’éléments convergents. Le premier est pratique et tient aux potentialités politiques d’Internet. Ce dernier apparaît en effet comme un augmentateur de la démocratie et de l’espace public : élargissement de l’accès aux « biens communs de la connaissance », participation du public à la construction de l’offre, mise en réseau des communautés d’intérêts et de compétences. Le deuxième est d’ordre épistémologique. Il tient aux mutations des paradigmes utilisés par les sciences humaines pour analyser la réalité sociale. Dans l’interprétation des relations entre les individus et les institutions, les modèles holistes et déterministes ont ainsi progressivement laissé la place aux théories pragmatiques centrées sur l’acteur et ses capacités. Enfin, le troisième élément est historique et tient aux interrogations actuelles sur la légitimité et l’efficacité des politiques publiques. Il inscrit ainsi le service public de la lecture dans le temps long de l’histoire des politiques culturelles. Les conditions ont semblé ainsi réunies pour questionner à nouveaux frais les évolutions en cours dans le monde des bibliothèques et, sans anti-ciper les résultats du projet, faire l’hypothèse d’un changement d’horizon : institution à l’écart de la société dont le but ultime est de la rendre meilleure, la bibliothèque vit aujourd’hui la fin de son hétéronomie tout en essayant de ne pas se départir d’un certain idéal d’émancipation.

Pour réfléchir à ce changement, le projet vise à la fois l’inventaire des nouvelles pra¬tiques professionnelles dans leur rapide évolution et l’analyse des convictions et des modes d’action politiques de ceux qui les mettent en œuvre. Se pensent-ils comme de nouveaux « pionniers », comme un groupe de pression auprès des administrations centrales et locales pour porter le renouvellement de la bibliothèque, tels autrefois les bibliothécaires modernisateurs, ou bien leur action emprunte-t-elle d'autres voies, plus diffuses, bottom up, qui se passent de l’impulsion institutionnelle ?


Réalisation et calendrier
Une première étape du travail consiste à définir les profils professionnels qui constituent l’objet de cette étude (2012-2013). Un survol liminaire laisse ainsi entrevoir plusieurs catégories de professionnels engagés dans le numérique : les médiateurs qui sont présents sur le web à travers des blogs et des réseaux sociaux, s’investissent dans des activités de veille partagée et de formation ; les créateurs d’espaces, de collections et de services (bibliothèques numériques, outils de recherche documentaire, aménagement de lieux innovants) ; les manageurs qui procèdent à une organisation du travail et exigent des compétences en fonction de la place prise par le numérique.

Une fois identifiés les nouveaux acteurs et leurs positions idéologiques, le travail a porté sur le « comment » : des enquêtes ont été effectuées par¬mi les professionnels ainsi identifiés, par le biais de questionnaires en ligne pour essayer de déterminer plus fi¬nement leurs pratiques concrètes (2013-2014).

 

Quelle édition numérique pour les ressources numérisées ?  
Responsable : Benoît Epron

La mise à disposition dans des formats numériques de ressources, parfois anciennes, numérisées conduit à interroger plusieurs aspects du processus de publication numérique. Les questions des publics (grand public ou universitaire), de leur équipement, des fonctionnalités attendues sont autant de points qui doivent être pris en compte dans les projets de numérisation et de publication. Nous nous proposons réaliser un état de l'art sur ce sujet en abordant les volets techniques, juridiques et documentaires.