Séance du 9 novembre 2023 | Nicolas Beaupré, professeur en histoire contemporaine à l’Enssib et au Centre Gabriel Naudé : « La fabrique du succès d’un livre de guerre : La Peur de Gabriel Chevallier ».
En octobre 1930, paraît, chez Stock, le roman d’un auteur encore peu connu, La peur de Gabriel Chevallier. L’écrivain lyonnais n’en est alors qu’à son second livre. La peur « fictionnalise » l’expérience de guerre de son auteur et s’inscrit dans la deuxième vague de parution de littérature testimoniale sur la Grande Guerre, après celle publiée entre 1914 et 1918. Cette deuxième vague est notamment lancée par la double publication, l’année précédente, du best-seller mondial À l’ouest rien de nouveau de l’écrivain allemand Erich Maria Remarque – paru en traduction française chez le même éditeur que La peur – tout comme par la première étude d’un vaste corpus d’écrits de guerre par Jean Norton Cru sous le titre Témoins (Les étincelles, 1929) . Les deux ouvrages avaient, pour des raisons différentes, connu un grand retentissement.
L’intervention se propose, en revenant sur ce contexte, d’explorer la genèse, tant auctoriale, qu’éditoriale, du livre de Gabriel Chevallier. Cette exploration est notamment permise par l’étude d’une riche correspondance passive et active entre l’auteur et son éditeur qui permet une micro-histoire de la publication d’un livre avec ses acteurs, ses stratégies, ses réussites et ses échecs.